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RESTER RÉSISTER DESERTER DÉSHERBER Faut-il changer notre manière de faire de la recherche ?

Rester, résister, déserter, désherber.
Faut-il changer notre manière de faire de la recherche ? 

Suite à notre rencontre du 17 février 2022 à Nantes, à la quelle 10 personnes en présentiel + 12 en distanciel ont assisté, voici un compte rendu synthétique de nous échanges qui ont suivi l´écoute de la conférence de Grothendieck au CERN en 1973 (et sa version pdf).

Jacques :

Biographie rapide de Grothendieck : formation en mathématiques, contacts avec le groupe Bourbaki, médaille Fields, à partir de 68, sort de sa bulle mathématique. Antimilitariste. En 70, crée le mouvement « survivre ». Soutient la candidature aux présidentielles de R. Dumont en 74. Ecrit une autobiographie dans les années 80 qui vient d’être publiée très récemment.

Aller écouter la discussion de la conférence d’Alexandre Grothendieck ? Déprimant ?

L’utilité sociale dans nos activités de recherche : quand on pose la question, on a souvent des retours naïfs. On évite le plus souvent la question.

On va d’abord dans les métiers de la recherche pour trouver une certaine liberté intellectuelle, et cela se retourne contre les personnes avec un système de recherche très normatif.

Peu de chercheurs se positionnent par rapport au plaisir. Il y a une grande souffrance au niveau des post-docs. Il faut manger, vivre, survivre….

On s’interdit trop comme scientifique d’être vu autrement que comme objectif, neutre… Dans certains domaines cela peut générer une sorte de dissonance cognitive.

Le rapport science société a beaucoup changé depuis les années 70. Le monde scientifique est beaucoup plus remis en cause actuellement, pour le pire et le meilleur.

Question de la transdisciplinarité ? A l’origine, les scientifiques étaient tous pluridisciplinaires. Actuellement, on prône la pluridisciplinarité alors que les chercheurs sont de plus en plus spécialisés.

On n’a pas besoin de gens qui font de la recherche à plein temps. On se pose la question de la domination de certaines disciplines.

Un statut d’intermittent pour les chercheurs ? (artistes, artisans, pourquoi pas les scientifiques). La recherche comme loisir ? Sans pression ? Actuellement, soit tu es dedans (le ghetto de la recherche), soit tu es dehors et tu ne peux plus rien faire.

Ce que vous évoquez n’est pas spécifique à la recherche. Cette sensation d’avoir besoin d’être utile pour la société, que son job ait du sens, se retrouve dans tous les métiers et est responsable de beaucoup de bifurcations professionnelles. Quel que soit son métier, on a le choix entre rentrer dans le moule ou pas, quitte à vivre avec moins de sécurité ou de moyens.

Pourquoi Grothendieck se pose-t-il la question de à quoi cela sert alors qu’il fait des maths très théoriques ? Pourquoi ne s’est-il pas poser la question avant ? Pourquoi cette discipline est-elle valorisée ? Pourquoi n’aborde-t-il pas ces questions de reconnaissance. L’absence de sens profond. Une résidence de journaliste dans le milieu de la recherche peut se transformer très vite en cellule psychosociale pour chercheurs déprimés. Très peu d’outils pour permettre de la réflexivité dans les activités de recherche.

Intéressée par les questions sur les manières de faire de la recherche (autrement), comment faire une recherche qui respecte les limites planétaires et qui permet de répondre aux besoins humains fondamentaux. J’ai beaucoup aimé la vidéo et je me demande où en est la recherche actuellement ?

Question des financements ? Question de la liberté dans l’orientation des recherches. Beaucoup de choses ont changé. Injonctions des appels à projets. La recherche financée sur projet ne s’est complétement généralisée qu’à partir de la création de l’ANR en 2006. Recherche étatique, recherche libre ? Coût énorme du Crédit Impôt Recherche, on paye deux fois…

Un des idées de Grothendieck est la nécessité de prendre du recul, de se poser la question de comment communiquer. Cela devrait être partie intégrante de la recherche, mais on n’a pas le temps surtout en tant que thésard.

L’utilisation de la science par le politique peut créer de la défiance (par exemple dans le cas du Covid). Les personnes « complotistes » vont elles aussi chercher de l’information scientifique et dans un contexte complexe, une information claire devient inatteignable pour le plus grand nombre.
La question de comment sont évalués les chercheurs, les conflits d’intérêt, font aussi perdre de la crédibilité au monde scientifique.

Sur la question du sens, de l’utilité sociale et de la valorisation + oui soutenir la recherche c’est un choix politique, et ne soutenir que la recherche industrielle (système productiviste et polluant) c’est doublement politique, témoignage d’une élue locale qui n’a pas réussi à convaincre – parce que c’est très long d’expérimenter quand zéro moyen pour ça -, d’autres élus à parier sur la Recherche en sciences humaines alors que l’argent public sert chez nous (Pontivy Communauté) à financer des CIFRE pour servir l’intérêt des usines agro-alimentaires et ce sans aucun débat citoyen ni même dans les assemblées élues; Et on parle pas de 1000 euros mais de grosses enveloppes. Sans oublier que le secret industriel empêche d’avoir aucune info sur ce qui est produit avec ces finances publiques alors qu’à TIMILIN nous partageons tous les savoirs produits en local avec les doctorants et les habitants.

Quelques liens et infos dans le fil de la discussion :
Texte de la conférence :
http://www.fabriquedesens.net/Allons-nous-continuer-la-recherche
Site qui propose des articles de Survivre et Vivre :
https://www.archivesautonomies.org/spip.php?rubrique531
https://1000doctorants.hesam.eu/articles/les-temoignages/122-francoise-ramel-
un-chercheur-nous-permet-de-formuler-des-desirs-des-besoins-mais-aussi-
des-solutions

https://www.multitudes.net/category/l-edition-papier-en-ligne/85-multitudes-
85-hiver-2021/mineure-85-le-dehors-de-la-recherche/

(!) Un arpentage et une réunion avec les auteur·rice·s est prévu dans les locaux de
PiNG au Breil le 26 avril et 24 mai !

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